Au commencement de Rica

Même s'il n'est pas à l'ouverture de l'album, le personnage qui fait le liant de l'histoire est le pauvre flic Neil, cocu, désabusé, complètement ravagé par des crises de boulimie zombiesque et par des bouffées de démence qu'un souvenir glauque semble lui provoquer. Venu se retaper dans un petit coin sans gros problème, il se retrouve néanmoins chargé d'enquêter sur ce qui ressemble à un meurtre, mais sans cadavre.

Ce pseudo-meurtre, c'est Fred et Bradley qui l'ont commis quelques pages plus tôt, missionnés par un commanditaire inconnu pour des raisons non évoquées. Ces deux jeunes, qui ne brillent pas par leur finesse, transforment la mission en désastre. Mais Fred tombe sur un scénario de film très prometteur, rédigé par la victime, qu'il escompte vendre à un producteur. Il emporte le manuscrit et emmène le mort qui vit encore. Tout dérape.

L'enchaînement des événements ne peut pas être plus défavorable. Quant à Neil, le pauvre flic paumé, son enquête fait remonter à la surface des démons qui le hantent. Démons qui pourraient ne pas être sans rapport, justement et comme un fait-exprès, avec cette histoire de manuscrit volé, de meurtre sans corps et de producteur de cinéma.

Le dessin de Rica, qui va vers la déformation des faciès et vers la monstruosité des expressions, l'ambiance très sordide et poisseuse, le scénario  aux multiples points de vue et à l'ambiance cinéma de série B, tout cela tend vers un cousinage au premier degré avec Apocalypse sur Carson City de Griffon.